La Narvalaise

Reconnaissance acoustique

La mer monde de silence…, que nenni, les milieux marins ne sont pas le havre de silence que l’on pourrait imaginer.

Les sources de bruits dans le milieu marin sont nombreuses et très variées, elles peuvent se classer en trois grandes catégories :

- Les bruits d’origine géophysique ou "naturelle" : les vagues, le vent, la houle, les orages, l’activité sismique, les mouvements des glaces, les embouchures de rivières/fleuves, etc.

- Les bruits d’origine biologique, ou "animale" : les mammifères marins, les crustacés, certains poissons, etc.

- Les bruits d’origine anthropique, ou "humaine" : les navires, les travaux sous-marins, les forages, les sonars, etc.

La vitesse de propagation du son dans l’eau est 4 à 5 fois plus rapide que dans l’air (air = 340 m/s  -  eau = 1480 m/s), la propagation même est plus longue dans l'eau. Cette différence vient du fait que dans l’air un son génère un déplacement d’air (ou compression de molécules d’air) alors que dans l’eau il crée une vibration de molécules. D’ailleurs plus le milieu émission-diffusion-réception est solide, ou compact, plus la vitesse du son est grande. On parle alors de célérité du son.

Pour le sous-marin qui évolue en totale obscurité, sans vision dans l’eau, il est très important et même vital de reconnaitre, d’identifier, de classer tous les bruits sous-marins à partir de leur minutieuse et profonde analyse (spectrale, audio). Nous sommes là dans la reconnaissance acoustique.

Cette analyse est maintenant réalisable avec des appareils électroniques, mais elle l’est surtout grâce à l’oreille humaine. Pour cela la Marine Nationale forme ce qu’il est convenu de nommer "les oreilles d’or", des techniciens aux facultés auditives exceptionnelles.

Mais ceci est un autre sujet déjà présenté ICI

Aussi, restons dans nos "bruits de la mer", avec une présentation des bruits de bâtiments - commerce - guerre - sous-marin - avion, et des bruits biologiques - poissons - crevettes - dauphins - et les énigmatiques baleines qui communiquent entre elles à plusieurs centaines de kilomètres. Il se dit que les baleines ont une âme d’artiste, qu’elles cumulent le don du chant et celui de la composition, et auraient ainsi créé près de 200 chansons.

Voici donc 35 sons marins sélectionnés par le CIRA (Centre d'Interprétation et de Reconnaissance Acoustique), documents rares et inédits qui nous sont confiés par notre ami Rolland POL, Vieux Loup du Narval et "oreille d’or" en son temps.

Pour lire (écouter) ces sons il suffit de cliquer sur les images.

Maintenant branchez votre casque audio, montez le son, et plongez dans l'immensité de la mer vivante.

Reconnaissance acoustique

Synthèse

Préambule - Présentation des documents

Bruits biologiques

	Crevettes "claqueuses"	- Les "crevettes claqueuses" sont l'une des principales sources de bruit au fond des océans. Ses intenses claquements de pinces créent une cavitation jusqu'à provoquer des ondes de choc étourdissant les proies et les prédateurs. Elles compliquent sérieusement la détection acoustique.
	Balanes	- Les balanes sont de petits crustacés enfermés dans un cône calcaire de +/- 15 mm de diamètre dont il existe de nombreuses espèces. Cousines du "pouce-pied" par milliers elles colonisent les rochers et sont un fruit de mer très apprécié aux Açores en particulier. Du grec balanos, : "gland du chêne et d’autres arbres".
	Poisson grogneur	- Le "poisson grogneur" est en fait le maigre ou courbine, il peut atteindre 1 à 2 mètres et pesé jusqu’à 100 kilos. En période de frai il actionne un muscle qui fait résonner sa vessie natatoire et génère ce bruit si caractéristique qui peut lui être fatal lorsque des pêcheurs sont à sa verticale.
	Langouste	- Le bruit émis par la langouste résulte du frottement des antennes contre sa tête et lui servirait de moyen de communication ou de dissuasion contre les prédateurs. Le son est tellement puissant qu'on peut le percevoir sous l'eau jusqu'à trois kilomètres de distance, il a été mesuré jusqu’à 167db.
	Dauphin	- Le dauphin est un mammifère marin et non un poisson. Pour se déplacer ou chasser, le dauphin utilise principalement son oreille interne et se sert de son melon pour émettre des ultra-sons qui lui renvoient la localisation des obstacles et des bancs de poissons (écholocalisation).
	Tursiop	- Le tursiop est le nom donné au grand dauphin également appelé souffleur ou dauphin à gros nez. C’est l’espèce la mieux connue de la famille des delphinidae. Il communique grâce aux ultrasons émis par l'intermédiaire du melon, un sac nasal situé sur le front.
	Marsouin	- Aussi appelé "cochon des mers" ou "dieux des mers", le marsouin utilise l’écholocalisation, tout comme le dauphin. Pour cela il émet des sons appelés « clics » qui relèvent de la basse fréquence.
	Globicéphale	- Le globicéphale, qui une variété de dauphin, est aussi appelé "dauphin-pilote", il émet toutes sortes de sons : grincement, sifflements, bruits secs, ronflements, ronronnements et gazouillis. L'un de ces sons ressemble étonnement au meuglement d'une vache ce qui lui vaut le nom de "poisson-bœuf".
	Pseudorca	- Aussi appelée fausse orque, pseudorque ou faux épaulard. C’est un cétacé à dents, redoutable prédateur de 4 à 6 mètres pour 1 à 2 tonnes. Chassée au japon pour sa chair, également capturée pour approvisionner les delphinariums.
	Orque	- Les orques ou épaulards aussi appelées baleines tueuses ont la réputation allant du protecteur d’âmes humaines à celle de tueur impitoyable. Leurs fréquences sonores varient en fonction de la proie qu’elles chassent.
	Cachalot	- Les cachalots sont les plus grands des carnassiers marin (plus de 20 m de long), ils se rassemblent en groupes appelés « pods ». Pour chasser ses proies le cachalot émet des cliquetis (ou clics) qui portent à plusieurs kilomètre et jusqu’à 230 db.
	Baleine du Groenland	- Les océanographes ont observé que la baleine du Groenland ou baleine boréale "chantait" 24/24. Ces chants servent à communiquer, se diriger, se nourrir, voire même de parade nuptiale.
	Chants de baleines	- Les chants des baleines sont des sons émis par ces cétacés pour communiquer entre eux. On parle de "chants", pour décrire l'impression répétitive et prévisible de ces messages, qui dépendent de l'espèce de la baleine qui les émet.
	Baleine à bosse	- La baleine à bosse mesure environ 14 mètres de long et pèse en moyenne 30 tonnes. Des rassemblements peuvent compter 200 spécimens. Pendant des heures, voire des jours, elle émet des sons graves qui varient d’amplitude et de fréquence, et ce uniquement pendant la saison d’accouplement.
	Baleine franche	- Les baleines franches sont les baleines à fanons. L'appellation "franche" provient des chasseurs baleiniers, qui recherchaient plus particulièrement cette famille pour sa forte teneur en graisses.

Bâtiments de commerce

	Tanker	- Le tanker ou navire-citerne est conçu pour le transport en vrac des combustibles liquides. Le plus grand a été le Seawise Giant avec 458 m. de long pour 69 de large et une capacité de 565.000 t. ; il a été démoli en 2010. Les flottes sont maintenant centrées sur les VLCC d'une capacité max de 300 000 t.
	Pétrolier	- Un pétrolier est un navire-citerne servant à transporter le pétrole ainsi que ses dérivés, toutefois il reste de capacité moindre que les tankers. Il peut avoir 90 m de long et une capacité de 3.500 t.
	Porte Conteneurs	- Un porte-conteneurs est un navire de charge destiné au transport de conteneurs à l'exclusion de tout autre type de conditionnement de marchandises. Il est maintenant le principal mode de fret maritime. L’Ever Ace est actuellement le plus gros du monde avec 400 m. de long pour 62 de large et 225.000 t.
	Vraquier	- Un vraquier est un navire de charge (un seul pont) destiné au transport de marchandises solides en vrac : sable, granulats, céréales ou minéraux. Leur taille varie de caboteur côtier à géant de 350.000 tonnes. Ils sont parfois décrits comme étant les "chevaux de trait des mers".
	Chalutier	- Un chalutier est un bateau de pêche qui doit son nom au chalut, filet qu'il utilise. D’abord à propulsion à vapeur puis très longtemps à propulsion diésel, les chalutiers se voient maintenant (depuis 2020) équipés d’une propulsion diésel-électrique.
	Car-ferry	- Un car-ferry est un bateau ayant pour fonction principale de transporter des véhicules routiers ou ferroviaires avec leur chargement et leurs passagers dans des traversées maritimes. Le système de propulsion se fait par jet (hydrojet), les scooters des mers utilisent le même principe de propulsion.

Bâtiments de guerre

	Sous-marin en surface	- Une hélice tournant dans l’eau crée une dépression qui elle-même crée des bulles d’air autour de l’hélice, c’est la cavitation hydrodynamique. Plus de vitesse = plus de bulles. Ces bulles éclatent et génèrent un bruit qui apparaît comme un crépitement plus ou moins modulé par la rotation des pales. Bruit souvent plus fort et plus détectable que celui de la propulsion. Une hélice en profondeur cavitera moins qu’une hélice proche de la surface. Le bruit de cavitation est donc fonction de l’immersion et de la vitesse du sous-marin.
	Sous-marin à I.P.
	Sous-marin variation de vitesse	- En plongée, un sous-marin est indétectable à la vue, aux infrarouges, ou aux ondes radars. En revanche, le bruit qu’il produit est sa source d’indiscrétion. Pour être furtif, il doit être le plus silencieux possible. Un changement de vitesse modifie la cavitation et peut augmenter le risque de détection.
	Escorteur en transit	- Si la mer est belle et l’allure faible, un bâtiment de surface est difficilement détectable à la simple oreille. Il sera dans un premier temps détecté par les appareils d’écoute et de détection, il devient un "bruiteur", ce qui engendrera une analyse audio (oreille et analyse spectrale).
	Frégate - Emission sonar	- Propulsées par des turbines à vapeur les Frégates sont plus discrètes que les bâtiments à propulsion diésel. On distingue très bien les deux lignes d’arbre. Armés, entre autres, pour la lutte anti-sous-marine ces bâtiments restaient redoutables avec leur sonar remorqué à immersion variable.
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Pour le fun

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