La Narvalaise

La Narvalaise

Historique

La grande histoire du Narval

 

 

 

     La grande et belle histoire du Narval est écrite par leshttps://static.blog4ever.com/2010/11/447417/Histo3a.pnghommes qui l’ont construit et ceux qui l’ont armé. Si elle peut être présentée sur différents sites et dans de nombreux documents, avec parfois une exactitude relative, La Narvalaise vous la propose en 3 volets.

 

Ces trois volets sont une synthèse de nombreux éléments recueillis sur des sites et dans des articles spécialisés (Cols Bleus, Arsenal de Cherbourg, livres dédiés, etc.), mais également de nombreux témoignages. Merci aux auteurs/experts (pour ceux qui ont été retrouvés) pour leur autorisation à reprendre, en partie, certains de leurs écrits. Cet historique n’est probablement pas complet et quelques imprécisions peuvent subsister. Les corrections/compléments seront apportés au fur et à mesure de nouveaux éléments vérifiés et témoignages recueillis.

 

 

 

Le Narval - Genèse

 

     Au lendemain de la victoire du 8 mai 1945 notre pays est ravagé, les arsenaux sont détruits et les forces sous-marines françaises sont décimées. Alors qu’en 1939, au début du conflit, la France comptait près de 80 sous-marins, en 1945 elle voit sa flotte réduite à 10 éléments : 5 français difficilement construits et pas tous armés, et 5 prises de guerre aux allemands. Les 3 sous-marins prêtés aux FNFL par les anglais sont restitués, 4 autres seront prêtés plus tard.

     Ce sont donc les : Africaine, Astrée, Andromède, Artémis, Créole, et les ex-U rebaptisés : Millé, Laubie, Blaison, Bouan et Roland Morillot qui composent la force sous-marine opérationnelle de la France.

 https://static.blog4ever.com/2010/11/447417/Apr--s-1945.jpg

 

     En avril 1947 un programme de reconstruction de la flotte sous-marine est lancé - projet E 47. Le type XXI allemand en est la grande base, elle sera enrichie des observations de l’Ingénieur Général du Génie Maritime Gérard DUPONT de DINECHIN séduit par le type Guppy américain qu’il aura pu observer de l’autre côté de l’Atlantique en 1947, en particulier l’architecture du massif ; ajoutée à cela une forte inspiration des type "Aurore" pour ce qui est de l’architecture générale.

 

     Après études où tout est repensé, naît le projet E 48 dont les essais en carène se révèlent moins performants que ceux du projet E 47 en termes de vitesse en plongée. Aussi, la coque du projet E 47 nécessite de très lourds aménagements techniques, et la forte avancée du projet E 48 en aura raison pour in fine être retenu. Fin 1948 le projet est alors plus abouti avec deux variantes : E 48a puis E 48b :

 

- utilisation pour la coque épaisse d’un acier à haute limite d’élasticité soudable, le "60 HLES", pour une immersion attendue de 200 mètres,

- la vitesse en plongée demandée supérieure à 16 nœuds impose une carène sans discontinuité avec des formes complètement nouvelles,

- le "a" de E 48a signifie une variante dans la position des safrans de plongée avant qui ne sont plus en saillie, mais rétractables,

- le "b" de E 48b signifie une rallonge de 2,40 mètres pour inclure un Central Opérations,

- un massif central qui doit abriter kiosque, passerelle, schnorchel, manches de ventilations et mâts hissables.

 

     Trois fournisseurs sont en lice pour la propulsion diésel : Sulzer – MAN – Schneider. Avec un meilleur rapport poids//puissance, Schneider emporte le marché.

 

     Ce projet est adopté par l’Etat-Major Général de la Marine le 11 mars 1949. En juillet de la même année, le Parlement vote la loi n°49-983 qui autorise la construction de sous-marins de 1ère classe correspondant au projet E 48b – décret du 8 octobre 1949. L’Andromède et l’Artémis, tout justes terminés, serviront de "testeurs" pour les nouveaux équipements destinés aux futurs E 48b.

 

     C’est ainsi qu’en fin 1949 la construction de 6 sous-marins de croisière de 1200 t. est ordonnée et confiée aux chantiers de Cherbourg pour un coût de 3 milliards de francs. L’Arsenal de Cherbourg reste le grand constructeur de sous-marins depuis 1897 ; détruit à 70% en juin 1944 il redevient opérationnel grâce au concours des américains en 1948.

 

     Naissait alors la série des sous-marins type "Narval" qui reprend les noms donnés aux sous-marins de la première tranche du programme naval de 1922 : Narval – Marsouin – Dauphin – Requin – Espadon – Morse. Les quatre premiers seront construits à Cherbourg en 1951-52, les deux derniers le seront en 1954 aux chantiers privés Normand-Le Havre et ACSM-Le Trait. L’ordre de mise en chantier du premier de la série, le Narval, est signé en octobre 1949, il sera mis sur cale en juin 1951 – Cherbourg-Cale 3 – N° de coque Q 231. Ce sera le 61ème sous-marin construit à Cherbourg.

 

     Les dernières innovations technologiques de l’époque profitent à ce sous-marin voulu très moderne dans sa conception, sa construction et ses équipements.

 

Conception : Pensé pour être un sous-marin très efficace en plongée, le Narval fait l’objet d’une étude hydrodynamique particulièrement soignée au bassin des carènes. De même, il est prêté une attention particulière au système de propulsion : le Narval est plus rapide sous l’eau (18 nœuds en vitesse maximale) qu’en surface (16 nœuds), et c’est une première.

 

Construction : La coque résistante répond à une technique de construction alors des plus innovantes : elle est construite par l’assemblage de 7 tronçons (de ~10 mètres) pré-équipés des gros matériels et entièrement soudés entre eux ; alors qu’avant-guerre c’est le rivetage qui était pratiqué. Les couples sont extérieurs à la coque épaisse. Ce procédé de soudage par tronçons avait été pratiqué par les allemands pendant la guerre : les tronçons étaient fabriqués simultanément mais sur des sites dispersés, permettant ainsi une fabrication plus rapide tout en diminuant le risque des dégâts causés par les bombardements. Et si la soudure est un procédé technique déjà connu et testé à Cherbourg avant la guerre, c’est la première fois qu’il est utilisé à si grande échelle.

 

Equipements : Le Narval bénéficie du nec plus ultra de l’époque : le schnorchel (tube hissable) qui permet de ravitailler en air les moteurs diesel sans avoir à faire surface, rendant ainsi possible la recharge des batteries (d’où un grand rayon d’action et une plus grande discrétion). Sont également prévus des moyens de détection sous-marins et aériens multiples (microphones, radars), une table traçante, des calculateurs de lancement… De plus sa grande capacité d'embarquement de torpilles et/ou de mines affirme son rôle offensif et dissuasif.

 

Caractéristiques techniques :

 

Sous-marin de type "Narval" – E 48b

 

Longueur

78,37 mètres

Largeur

7,82 mètres

Hauteur

12 mètres

Tirant d’eau

5,50 mètres

Déplacement

En surface : 1200 tonnes (Genève) - 1640 tonnes  -  En plongée : 1910 tonnes

Propulsion

2 diesels Schneider - 7 cylindres 2 temps (2 x 2200 cv)

2 MEP (2x2400 cv/1765 kW)  -  2 MEC

2 lignes d’arbre - 2 hélices à 3 pales

Vitesses max

Surface : 16,5 nœuds  -  Plongée : 19 nœuds

Batteries

340 éléments

Immersion

Max : 200 mètres  -  Destruction : 400 mètres

Rayon d'action

15.000 nautiques au schnorchel à 8 nœuds - 23.000 nautiques à 10 nœuds

Veille optique

1 périscope de veille - 1 périscope d'attaque

Armement

8 tubes lance-torpilles de Ø 550 mm (6 à l'avant - 2 à l'arrière) - 24 torpilles

Détection

Sonar DUUA 1 avant et arrière  -  Micros de sécurité DUUG
AUUD  -  Radar DRUA 31  -   APV  -  APA et ARUD  -  ARUR

Équipage

7 officiers + 32 officier-mariniers + 25 quartiers-maîtres et matelots

 

     Le 11 décembre 1954, le Narval, premier sous-marin français construit après-guerre et reconnu comme étant le sous-marin le plus moderne au monde, est lancé. C’est un grand évènement pour l’Arsenal de Cherbourg qui n’avait plus lancé de sous-marin depuis 17 ans – le dernier en date était le Sidi-Ferruch lancé le 9 juillet 1937.

 

     Cependant il faudra attendre 3 ans pour que le Narval soit admis au service actif, car malgré d’excellentes qualités révélées, des problèmes de fabrication sont à déplorer : la puissance max promise n’est pas au rendez-vous, les moteurs diésel et leurs 120db sont poussifs, le bateau n’est pas assez robuste. A tel point que le Narval doit écourter une croisière d’endurance en Méditerranée et même annuler une campagne de démonstration que l’Etat-major de la Marine lui avait programmée aux USA. Des experts en concluent que la propulsion diésel doit être complètement changée, ses sister-ships sont à la même enseigne. La demande d’étudier le changement des moteurs diesel est formulée en 1958 par le Major Général de la Marine.

 

     La série des "Narval" reste celle des sous-marins "verts". En effet, dans la recherche d’un meilleur camouflage les ingénieurs ont, dès la construction, choisi un superbe vert épinard pour la coque extérieure. Mais le coût trop élevé de cette peinture fait que l’on reviendra très vite à la peinture noire, qui somme toute n'est guère plus voyante.

 

     Puis, au milieu de sa carrière, en 1969/70, le Narval subit une grande transformation technique. Il est équipé de matériels de propulsion et de détection plus performants ; sa coque extérieure même est modifiée, les deux tubes lance-torpilles de l’arrière disparaissent, un sas plongeurs (coque épaisse) est installé, la détection passive est enrichie, etc.

 

On le dit refondu.

 

Nouvelles caractéristiques du type "Narval" après refonte

 

Propulsion

3 moteurs SEMT Pielstick 12 PA4, 12 cylindres en V (G.E.) de 700 Kw

2 moteurs électriques principaux de 1100 kW (M.E.P.) 1500 cv

2 moteurs électriques de croisière de 30 kW (M.E.C.) 35,5 cv

2 hélices à 5 pales (au lieu de 3)

Armement

6 tubes lance-torpilles à l’avant uniquement - 14 torpilles de réserve + 6 en tubes

Détection

Groupement microphonique G36 - DSUV (installé sous la proue)

Sécurité

Sas plongeurs à l’arrière

Structure

Refonte du massif, passerelle surélevée, poupe affinée

 

     Alors qu’il a été le premier construit, le Narval est le dernier refondu : Requin en 65/67 – Espadon en 66/68  - Morse en 67/68 – Marsouin en 68/69 – Dauphin en 69/70 – Narval en 69/70.

 

     C’est ainsi que durant 20 ans le Narval et ses sister-ships sont restés les sous-marins français les plus puissants et les plus endurants. Les missions sont multiples, nombreuses et parfois longues : exercices interalliés et OTAN, missions de renseignements, chasse des forces soviétiques durant la guerre froide avec le barrage Islande-Féroé, largage de commandos pour missions spéciales, missions de préparations pour les sous-marins nucléaires français. Tout cela se fera en Atlantique de l’Equateur au Cercle Polaire, et en Méditerranée.

 

     Durant leurs dernières années de carrière les "Narval" changeront d’orientation. Durant les années 1980-83, le Narval servira de bateau pilote pour l’expérimentation de nouveaux matériels destinés aux sous-marins nucléaires à venir. Cela engendre de grandes et disgracieuses transformations de sa magnifique silhouette, le sas plongeurs n’est plus utilisable.

 

     Au cours de sa belle et longue carrière, de 1954 à 1983, le Narval aura passé plus de 32.000 heures sous les mers et parcouru 334.000 milles marins, soit plus de 15 fois le tour du monde.

 

    Il aura été armé par près de 800 sous-mariniers aux qualités humaines et techniques exceptionnelles, pour une moyenne du temps d’embarquement de 2 ans. Il aura eu 19 Pachas (Commandants).

 

     Ambassadeur hors-norme, le Narval l’aura été lors de plus de 120 escales dans 20 pays, du Spitzberg à l’Afrique noire, de Karlshamn à Las Palmas.

 

      L’on dit souvent que les bateaux ont une âme…, le Narval à coup sûr en avait une…, et Dieu qu’elle était belle !

 

 

 

  

Le Narval - Grandes dates

 

     Chacun des hommes qui ont armé le Narval a vécu un bout de sa vie sur le Narval et a vécu un bout de la vie du Narval. Pour les ~800 hommes qui ont servi à bord, la durée moyenne d’embarquement est de 2 ans, le temps de vivre en partie les évènements qui ont jalonné les ~30 années opérationnelles du Narval.

     

     Ces principaux évènements - construction, armement, mission dans le grand Nord, accidents, drame, transformations, démantèlement - vous sont présentés, datés, décrits dans cette rétrospective des Grandes dates du Narval.

 

     Des petites icônes Croix.png vous invitent au clic pour découvrir des documents complémentaires.

 

 

 

 

Le Narval - Au jour le jour (presque)

 

     Voici des tableaux qui vous proposent de suivre le Narval au jour le jour (ou presque). Il y a un tableau par année, à l’exception des années 1949 à 1955 qui sont celles des études et de la construction du Narval. Les petites icônes de couleur sont des liens qui vous dirigent vers divers documents :

 

Cols Bleus.png

: Cols Bleus Vidéo.png : Vidéo Presse.png : Presse Témoignage.png : Témoignage Lien.png : Lien Photo.png : Photo Document.png : Document

 

 

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Projet E48, inspiré des "type Aurore" et "type XXI" présenté à l'Etat-Major de la Marine par l'IGGM PAOLI  Document.png

11-03-49

Après des essais non satisfaisants sur l'U 2518 "Rolland Morillot", le nouveau projet E48 B (plus long de 2,40m pour le CO) est adopté

23-07-49

Loi n° 49-983 votée par le Parlement autorisant la construction de divers bâtiments, dont deux sous-marins projet E48 B

Octobre 49

Construction confiée aux Chantiers de Cherbourg

8-10-49

Construction ordonnée  Cols Bleus.png

12-10-49

Ordre de mise en chantier signé

Juin 51

La cale 3 des Chantiers de Cherbourg est désignée pour la construction du premier sous-marin E48 B

Juillet 51

Paris. Le programme de constructions navales est établi pour 32 bâtiments dont 4 sous-marins 1200 t.  Cols Bleus.png

17-08-51

Assemblage des premiers éléments de construction

Fin 51

Mise sur cale 3 à Cherbourg - Construction des tronçons du Q 231 jusqu'à fin 1952

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Construction - Assemblage des tronçons durant toute l'année  Cols Bleus.png

 

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Construction - Assemblage des tronçons durant toute l'année  Photo.png

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Q 231 est devenu Narval S 631  Cols Bleus.png Document.png

1953

Construction - Assemblage des tronçons durant toute l'année

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Cherbourg - Commandement CC Pierre EMEURY  Photo.png

Décembre 54

Prochain lancement du Narval  Cols Bleus.png

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Lancement du Narval  Cols Bleus.png a - Copie.png Document.png Vidéo.png

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Armement - Sélection de l'équipage

1955 Armement et essais des matériels
Fin 55 Finition des travaux au bassin  Photo.png

 

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Présentation en recette - La flotte sous-marine française se compose de 19 unités Cols Bleus.png

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Plongée statique de pesée Cols Bleus.png

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Première plongée en route libre au large de Cherbourg Témoignage.png Témoignage.png Témoignage.png Photo.png

3 au 10-06 Essais et démagnétisation à Brest
6 au 13-07 Divers essais au large de Lorient - Plongée profonde et essais de vitesse annoncés Cols Bleus.png
11-07 Première plongée profonde à 150 m et essais de vitesse au large de Lorient - Réussite et félicitations  Cols Bleus.png
Septembre

Narval à quai à Cherbourg - L'équipage assiste à la plongée statique du Marsouin Cols Bleus.png Photo.png

Novembre

Essais à Cherbourg - Le Narval est attendu à Toulon Cols Bleus.png Cols Bleus.png

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Départ définitif pour Toulon - Première grande traversée Cols Bleus.png

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Escale à Bordeaux (à vérifier)

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Arrivée à Toulon

 

Les années suivantes bientôt présentées...

 

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29/11/2010
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