Merci Hubert pour cette alerte.
Voici un article de News.dayFR de ce jour, 6 mars 2024.
Lancement du Hai Kun, le premier sous-marin construit par Taiwan
Inauguré en grande pompe le 28 septembre par la présidente Tsai Ing-wen, le Hai Kun a quitté son hall de construction au chantier naval CSBC de Kaohsiung, au sud de Taiwan. Transféré sur un quai flottant, le bâtiment a ensuite été mis à l’eau dans le port le 27 février. Sa finalisation va désormais se poursuivre à flot avant le début de ses tests, d’abord à quai, puis en mer.
Premier sous-marin conçu et construit à Taïwan, le HaiKun (nom signifiant Narval en chinois) a été officiellement mis en chantier en novembre 2021 et donc lancé moins de deux ans plus tard, en septembre dernier. Ce programme, considéré par Taipei comme stratégique pour la défense de l’île
contre une éventuelle invasion de la Chine continentale, se déroule à plein régime. Le Hai Kun pourrait être mis en service dès 2025, une fois ses tests terminés, ce qui constituerait un tour de force pour l’industrie taïwanaise qui n’a jamais produit de sous-marin.
D’une longueur d’environ 70 mètres pour un déplacement estimé à 2 500 tonnes, le Hai Kun sera capable de plonger à plus de 300 mètres et est conçu pour tirer des torpilles lourdes et des missiles anti-navires.
Equipé d’une propulsion diesel-électrique, de batteries lithium-ion pou améliorer son autonomie en plongée, il sera notamment équipé de torpilles américaines Mk48 Mod6, dont les Etats-Unis ont autorisé l’exportation vers Taïwan en 2020.
Jusqu’à huit bâtiments de ce type sont prévus, CSBC ayant déjà reçu une commande pour le second. Ils permettront de remplacer les sous-marins vétustes dont dispose actuellement Taïwan, en l’occurrence deux anciens Guppy II ex-américains, des navires de 93 mètres et 2 440 tonnes en immersion, mis en service en 1945-46 et transférés en 1973 par les États-Unis. Il faudra ensuite assurer la succession d’unités de type Hai Lung (67 mètres, 2 660 tonnes immergées), version dérivée du Dutch Walrus, livrées par les Pays-Bas en 1987 et 1988. Deux autres devaient dans un premier temps voir le jour, mais leur construction fut annulée suite aux pressions exercées à l’époque par la Chine.
Depuis deux décennies, Taïwan cherche à acquérir de nouveaux sous-marins sur le marché international mais Pékin a toujours bloqué ces projets en menaçant de représailles les pays susceptibles de répondre à cette demande. Quant aux États-Unis, alliés traditionnels de Taipei et seuls réellement capables d’ignorer la pression chinoise, ils n’étaient pas en mesure de mener eux-mêmes un tel programme, n’ayant longtemps produit que des sous-marins à propulsion nucléaire. Différentes pistes avaient été envisagées par les Américains pour résoudre ce problème, notamment via l’Espagne ou le Japon. Un projet de vente d’anciens sous-marins italiens de type Sauro, mis en service entre 1979 et 1982 et finalement déclassés entre 2002 et 2010, a également échoué au début des années 2000, cette fois en raison de la volonté de Taïwan de ne pas se contenter de bâtiments de conception ancienne qui ont simplement été améliorés.
A défaut de voir un nouveau projet de construction se concrétiser avec un partenaire international, Taïwan, comme c’est le cas pour ses forces navales de surface, où là encore l’acquisition de matériels étrangers se heurte à une farouche opposition de la Chine, a finalement décidé de réaliser une étude nationale, programme connu sous le nom d’IDS (Indigenous Defence Submarine). Après avoir reçu le feu vert des États-Unis en 2014, les études ont débuté en 2016 et, en 2018 l’administration Trump a autorisé les licences d’exportation nécessaires aux équipementiers américains dont Taiwan a besoin pour mener à bien son programme. Dans le même temps, le pays semble avoir attiré les compétences d’experts étrangers en sous-marins, notamment des ingénieurs japonais et anglo-saxons.
Dernière modification le mercredi 06 Mars 2024 à 15:41:12