La Narvalaise

La Narvalaise

Soudure et préfabrication

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Jean-Gabriel évoque soudure et préfabrication dans son historique. Ces deux éléments constituèrent effectivement une révolution dans la construction navale, révolution qui s’est développée entre les deux guerres. La soudure a d’abord été utilisée pour les bâtiments de guerre, car les compagnies d’assurances ou de certification (Lloyd’s, American Bureau of Shipping, …) n’approuvaient pas cette méthode pour les bâtiments de commerce, évoquant des problèmes de sécurité et de fiabilité. Les chantiers étaient aussi réticents car cette nouvelle méthode imposait des frais de mise à jour des chantiers très élevés, en particulier pour la fourniture d’électricité. En revanche, les marines militaires étaient très intéressées car cela permettait de réduire le poids de la coque, et donc d’ajouter des armes ou de la propulsion pour un même déplacement, en particulier pour respecter les traités (Traités de Washington ou de Londres) limitant la taille des bâtiments de guerre (afin d’arrêter la course aux armements sur mer).Il fallut du temps pour maîtriser la technique de soudure. Les premiers joints de soudure résistaient mal aux chocs et ne permettaient pas un suivi du bon état de la soudure (entre autres inconvénients). Il a aussi fallu que les architectes navals comprennent que l’architecture des bâtiments était à revoir complètement pour bien tirer profit de la soudure, et pas simplement remplacer rivetage par soudure. C’est ainsi que la préfabrication se développa. Souder dans des tronçons sous abri était plus facile (contrôle de l’atmosphère et de la température au poste de soudure, protection contre les intempéries, etc), et l’assemblage final était rendu possible, dans un temps plus court limitant donc l’occupation des grands bassins, goulot d’étranglement habituel dans les chantiers.Les Allemands furent les premiers à produire un bâtiment de guerre 100% soudé, le Emden, dont les cloisons souffrirent de rupture en cas de mauvaise mer. Plus tard, la construction de l’imposante flotte de U-Boots type VII fut rendue possible grâce au couplage préfabrication-soudage.  Les Américains apprirent beaucoup des Allemands, qui publiaient de nombreux articles scientifiques. A partir des années 30, le procédé était reconnu et largement utilisé, y compris pour les sous-marins, et se répandit, notamment grâce aux progrès dans la qualité des électrodes. Les Anglais mirent plus de temps, la Lloyds n’acceptant pas le procédé, et les chantiers étant peu enclins à investir, se heurtant en outre aux syndicats des “riveteurs”. Les Japonais adoptèrent le principe plus rapidement, mais rencontrèrent quelques échecs. Ainsi, le Mogami, un croiseur de 11200 tonnes, vit des joints de soudures céder lors des tirs de ses tourelles de 155 mm. Les cuirassés de la classe Yamato bénéficièrent de la soudure, le rivetage étant toutefois utilisé pour les parties résistantes.Les Français furent plus lents. Une des clés était de disposer d’une ressource humaine qualifiée, pour la soudure et pour le contrôle. Nouvel investissement coûteux et compliqué, qui prit du temps. Il fallut aussi former les architectes pour leur éviter de demander aux soudeurs de travailler dans des compartiments trop exigus. Problèmes que l’on retrouve aujourd’hui dans le nucléaire ! 

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Merci Jean-Maurice pour cet article passionnant nous faisant passer de l'âge du rivet (pas si lointain) à celui de la soudure.

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Merci ! L'évolution des techniques et technologies navales durant l'entre deux guerres est un sujet vraiment intéressant même si, et je demande à Jean-Gabriel de m'en excuser, je sors un peu du sujet de la Narvalaise, mais pas trop, car la genèse du Narval évoquée magistralement par Jean-Gabriel est l'illustration de ces progrès. 
L'US Navy, compte tenu des capacités actuelles limitées des chantiers américains vis-à-vis de l'extension des missions de l'US Navy (Chine, Houthis, etc), se retrouve un peu dans la situation des années 30 ou 70 : rebâtir des ressources industrielles et des méthodes de contractualisation pour rebâtir une Navy utilisant au mieux les nouvelles technologies (drones, IA, missiles hypersoniques, etc) sans rien sacrifier de ses forces traditionnelles (projection de puissance et tenue à la mer, etc). La France a le même défi à relever : avoir un SLNE en grand carénage indisponible pour trente mois ou n'avoir qu'un porte-avions et un nombre très limité de frégates dans le contexte actuel pose des questions. Chine et Russie ont trouvé leurs réponses. Mais je m'écarte de la Narvalaise !  

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Super intéressant Jean Maurice. Il est bien loin le temps des premiers navires à vapeur... Les anciens architectes navals seraient déboussolés  !
PTN
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