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Le projet AUKUS de sous-marins nucléaires pour l’Australie se heurte à des difficultés industrielles aux USA et au Royaume-Uni.3 rapports ont été publiés récemment venant d’organismes indépendants de surveillance gouvernementale (un peu comme la Cour des Comptes, mais en plus réactifs), 2 des USA et 1 du Royaume-Uni.Ils montrent que :Pour tenir son programme de constructions neuves, les USA doivent accroitre le budget de la Navy de 40%. Pour la production de sous-marins, il faut passer de 2 unités/an à l’équivalent de 5 unités/an compte tenu des modifications lourdes des SNA Virginia (le type pour l’AUKUS) et de la complexité des SNLE Columbia (1 SNLE demande 2,5 la capacité industrielle pour 1 SNA)Le budget seul ne garantit pas l’augmentation des capacités industrielles. Il faut aussi des sous-traitants, des chaines logistiques complètes, des ouvriers qualifiés, etc. L’argent ne suffit pas pour créer des ouvriers expérimentés dans des domaines très pointus.Le plan d’équipement britannique n’est financièrement pas tenable. La partie nucléaire nécessite une augmentation de plus de 60%, au moment où les leçons de la guerre d’Ukraine demandent des investissements dans bien d’autres domaines (drones, missiles, défense antiaérienne, etc).Les coûts de programmes de sous-marins explosent (inflation, plus compliqués, retards dans la maintenance, sous-investissements dans les chantiers, etc). L’expérience montre qu’un programme de construction qui ne repose pas sur une analyse profonde des risques et de l’environnement industriel dans lequel il est conduit, court à l’échec. Et ce sans tenir compte des sous-marins pour l’AUKUS.Les 160 milliards d’euros prévus début 2023 pour 8 sous-marins seront très largement insuffisants. Des estimations vont jusqu’à presque 300 milliards d’euros, pour une livraison très retardée. Sans parler des nécessaires capacités industrielles dont devrait se doter l’Australie.
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Merci Jean Maurice pour ces infos extrêmement intéressantes. Comme dirait un gamin en s'adressant à son "ami" australien : C'est bien fait pour toi......
PTN
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Eh oui !
Comme quoi le prévisible se réalise...
Merci Jean-Maurice, toujours au top !
Hubert (H2R)
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Merci Jean Maurice pour cette analyse très intéressante
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Merci Jean Maurice pour ces infos très intéressantes.
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L'Australie s'est tirée un missile dans le pied... dans ce domaine si stratégique un changement de cap sur un coup de tête aura des conséquences graves. Elle affaiblit l'Australie au lieu de la renforcer, alors que la Chine développe a marche forcée ses forces sous-marines. L'Australie deviendra encore un peu plus le jouet de l'affrontement entre la Chine et les Etats Unis.
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Les Australiens peuvent il faire marche arrière ?
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Désolé Laurent, je vois mal un kangourou marcher à reculons !!! LOL...
Amitiés
PTN
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Lorsque le Royaume Uni a cessé ses essais nucléaires en Australie en 1963, l’Australie s’est sentie trahie et abandonnée par les UK face au risque nucléaire, et a donc cherché un autre parapluie nucléaire. Elle a offert des bases de transmission, des centres de renseignement (il y a une série TV : Pine Gap, très bien faite sur la coopération US-Australie en matière d’informations satellitaires) et des accords de soutien aux USA, permettant aux USA de bien mieux tenir leur présence sous-marine (SNLE et SNA) dans le Pacifique. AUKUS s’inscrit dans cette logique. Les USA veulent surtout des bases de soutien pour leur SNA en particulier, ce qui suppose que l’Australie se dote d’infrastructures capables. Le meilleur moyen de “forcer” l’Australie est de leur offrir des SNA. Quand ? Peu importe pour les USA du moment que l’Australie se dote des capacités dont ils ont besoin. La volonté politique est très forte. Le 15 décembre de cette année, le congrès US a passé le National Defense Authorization Act qui, entre autres, permet le transfer de 3 SNA Virginia au début des années 2040, la maintenance de sous-marins US en Australie, la formation d’une main d’oeuvre industrielle australienne dans les chantiers américains, Act qui exempte de contrôle US l’export de licences US vers l’Australie et qui permettra aux entreprises australiennes de candidater pour des contrats aux USA (l’Australie travaille déjà en particulier sur la qualification d’acier spécifique aux sous-marins).Le NDAA permet aussi aux USA de recevoir des fonds australiens pour améliorer les chantiers US. C’est en cours, pour plusieurs milliards de dollars. Donc je vois mal les Australiens reculer, même si, en plus des problèmes rencontrés par les chantiers US, l’Australie se heurte à un énorme problème de qualification de sa main d’oeuvre industrielle, en nombre et en qualité. On parle là de dizaines de milliers de personnes. La première étape sera donc de construire une base de soutien pour SNA, donc pour les US pendant quelques décennies avant que l’Australie n’ait ses SNA, le chantier de construction viendra … plus tard.
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Entre anglo saxon il vont se démerder
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D'ici là Taïwan est sous la coupe de la chine ainsi que la mer méridionale de chine
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Un sous-marinier australien en retraite, assez influent dans le monde sous-marinier d’Australie, a publié un article recommandant au gouvernement d’abandonner le volet “acquisition de sous-marins US puis UK” de l’AUKUS, tout en conservant le volet “soutien logistique et maintenance des sous-marins US et UK en Australie”, et d’acheter à la France 12 type “Suffren” (avec toutefois des armes équipements US). Son argument repose sur :. Compte tenu de leurs difficultés, notamment en matière de logistique, les chantiers US ne peuvent fournir dans les délais les sous-marins nucléaires Virginia promis. Les UK n’ont pas encore développé leur nouveau modèle (en particulier pour la chaufferie nucléaire) et ont une industrie limitée par leurs besoins nationaux de renouvellement des SNLE. Même si les sous-marins promis étaient fournis, l’Australie aurait à gérer trois types de SNA, avec de gros équipages (environ 130 marins par bateau), donc hors de portée des capacités humaines et industrielles sous-marines australiennes. Le Suffren existe, répond aux besoins australiens malgré des capacités inférieures aux SNA de l’AUKUS, coûte moins cher à l’entretien et ne nécessite que 60 marins. Le Suffren utilisant de l’uranium faiblement enrichi, il nécessite de changer le combustible nucléaire régulièrement, mais ce n’est pas un problème car il a été conçu pour ça.Il convient cependant de rester calme car il y a aussi un jeu politique qui pèse au moins aussi lourd que les contraintes techniques ou financières.Par ailleurs, je vois mal comment la France pourrait construire 12 Suffren tout en assurant les besoins nationaux. L’intégration des armes équipements US, la mise aux normes australiennes ne sont pas neutres… Et il ne me parait souhaitable de se lancer dans une nouvelle aventure avec les Australiens. A noter que les discussions à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique sur le régime de vérification à appliquer pour assurer que l’uranium hautement enrichi qui composerait le coeur des SNA US ou UK ne soit pas détourné pour des armes nucléaires, sont très virulentes, y compris entre diplomates, chinois et canadiens ou US par exemple.
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Pourquoi ne pas suggérer à la France de faire une proposition de prêt des SNA RUBIS de 5 ans et faire une transition douce au vue des programmes de renouvellement leur flotte vers le Suffren.
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Salut Laurent
La technologie entre les deux types de soum est totalement différente. Ayant navigué sur SNA type RUBIS et ayant eu la chance de visiter de fond en comble un type SUFFREN, il n’y a aucune similitude que ce soit pour la conduite du navire, les périscopes, les appareils du CO, le réacteur et tout ce qui va avec etc.etc.
Je sais qu’il a fallut quelques temps à nos sous-mariniers français pour dompter ce petit bijou de technologie que sont les SNA type SUFFREN
Cordialement
DANIEL
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C'était une idée pour faire la nique aux US
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Re, re, re, rebondissement dans le projet Aukus...
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Merci Jean-Gabriel !Je me garderai bien de pronostiquer les conclusions de l’examen demandé par l’administration Trump (il n’est d’ailleurs pas clair qui a exactement demandé cet examen. Dans le cadre de DOGE, confié à Musk avec les résultats que l’on sait?). Le gouvernement travailliste britannique a terminé son propre examen de l'AUKUS. Cet examen a réaffirmé l'engagement britannique envers AUKUS et a fait des recommandations, rappelant que AUKUS n’était pas qu’un programme limité à la défense et à ses ressources propres. Le programme sous-marin n’est qu’un des deux piliers de AUKUS (Le pilier 2 implique le développement collaboratif de capacités avancées dans six domaines technologiques : les capacités sous-marines, les technologies quantiques, l'intelligence artificielle et l'autonomie, les capacités cybernétiques, hypersoniques et contre-hypersoniques avancées et la guerre électronique ; et dans deux domaines fonctionnels plus larges : l'innovation et le partage de l'information).Il convient de rappeler que, depuis l'élection de Donald Trump, le secrétaire d'État Marco Rubio et le secrétaire à la Défense Pete Hegseth ont soutenu l'initiative en tant que modèle de coopération américaine avec des alliés proches. Le sous-secrétaire à la politique de défense Elbridge Colby dirige cet examen. Il a émis son scepticisme plus à l’égard du gouvernement que de AUKUS, projet soutenu par Démocrates et Républicains. Le désaccord porte essentiellement sur deux points :1) La fourniture de sous-marin, les chantiers US étant sous haute tension pour assurer le seul maintien de la flotte sous-marine US. 2) Les dépenses de l’Australie pour sa défense. Hegseth a clairement indiqué l'attente des États-Unis que Canberra augmente son budget de défense à 3,5 % du PIB. Comme on le sait, ce n’est pas un problème pour la seule Australie. Tous les pays de l’OTAN sont avertis … L’Australie a déjà injecté dans la base industrielle de la défense américaine 500 millions de USD sur les 3 milliards de USD promis pour AUKUS.Sur le plan opérationnel, en février 2025, le sous-marin d'attaque USS Minnesota (SSN-783) a fait une escale portuaire à Perth (Australie) et l’US Navy a déclaré qu'une deuxième escale de SNA aurait lieu cette année. La programmation d’escale se fait conformément à une autre partie de AUKUS qui prévoit une rotation de sous-marins d'attaque américains et britanniques à partir de la base australienne de Stirling dès 2027. C’est bien ce qui intéresse le plus les US. Sur le plan des ressources humaines, de nombreux sous-mariniers australiens naviguent avec l’US Navy et participent à la maintenance des SNA, comme à Guam (et Guam est un point clé de La Défense face à la Chine) ou Hawaï.Les Australiens n’auront peut-être pas leurs sous-marins, mais on peut penser qu’ils contribueront activement aux opérations dans le Pacifique.Le problème de la capacité des chantiers navals US reste entier, et pas que pour les sous-marins. Parlementaires démocrates et républicains font tout leur possible pour défendre les intérêts de leurs électeurs dans ce domaine industriel très spécifique. Il s’agit vraiment de “gros sous”
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Merci Jean-Maurice pour ces explications très enrichissantes.
Mais crois tu que le gouvernement australien va de nouveau se tourner vers Naval Group pour une hypothétique collaboration en vue d’une commande de sous-marins classiques ou nucléaires ?
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Je vois mal l'Australie rompre les amarres avec les US. Il y a trop d'intérêts en jeu. L'Australie, avec ses ressources minières de toutes sortes, a aussi des atouts. Ceci dit, avec l'administration Trump, il faut s'attendre à tout. Et encore plus avec Pete Hegseth, qui a soigneusement viré tous les chefs militaires de l'ère Biden (femmes et hommes de couleur en particulier) et qui écarte l'US Army de tous les postes à responsabilités pour lui faire payer l'échec en Afghanistan, et qui annonce vouloir restaurer "l'éthique des guerriers", sous-entendu que des programmes comme le cyber, les drones, l'IA ... verront leur financement réduit au profit d'armes plus "directes". Comme presque toujours, c'est la politique interne aux US qui mène le jeu. Les risques de politicisation des forces armées US sont loin d'être nuls, avec des conséquences lourdes.
En tout état de cause, je pense que la France ne devrait pas remettre les doigts dans un tel engrenage, et doit se concentrer sur ses besoins propres.
On s'écarte de La Narvalaise ! J'espère que notre chef de meute me le pardonnera.
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Merci Jean Maurice pour cette réponse. Petite question subsidiaire, toi qui a été formateur pour l’énergie atomique, que penses-tu de l’intervention israélienne en Iran? (Avec les journalistes actuels on entend tout et son contraire)
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Début des années 2000, les US ont conduit une simulation, un wargame, sur la possibilité de détruire le nucléaire iranien par des raids aériens. Le résultat fut "impossible", il y avait trop de sites (une estimation disait 400 sites à détruire), trop dispersés, trop protégés, trop loin. En 2012, un autre wargame similaire conclut qu'un raid aérien israélien conduirait inévitablement à un engagement US, dont la forme restait toutefois à définir (uniquement aérien avec les moyens US, notamment les bombes capables de détruire les installations enterrées, ou alors aussi terrestre). A mon avis, il n'est pas possible de détruire le nucléaire iranien par les airs. Il faudrait le démanteler après une intervention terrestre type Irak (mais alors dans un très grand pays à la géographie très compliquée), ou alors il faudrait que les Iraniens acceptent de s'en séparer sous vérification de l'AIEA, comme l'a fait l'Afrique du Sud. Les Iraniens ont le savoir-faire, ils ont d'excellents ingénieurs et techniciens, ils sont intelligents. Leurs installations sont enterrées et dispersées, plus encore que pour le premier wargame que je mentionne. Se pose aussi la question de la centrale nucléaire de Busher dont le combustible irradié contient du plutonium : la bombarder serait irresponsable. Quant à "la bombe, dans combien de temps?", nul ne peut répondre. Il manque de nombreuses étapes, on peut estimer 1 an ou 2 si tous les efforts y consacrés, y compris la volonté politique. Le rapport de l'AIEA qui est souvent mentionné réfère à des événements depuis 2003 ... donc pas vraiment récents, en tout cas pas d'une actualité telle qu'elle justifierait un raid immédiat. Je pense surtout que les raisons des raids sont ailleurs, pour la menace missiles ou d'autres. Pour faire court.
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Merci beaucoup Jean-Maurice pour ces éclaircissements et cette analyse. Je te souhaite une excellente journée ensoleillée (en Bretagne tout du moins).
Cordialement
DANIEL
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Merci à toi ! A Vienne aussi il fait beau et pas trop chaud !
Cordialement
Jean-Maurice
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